Démission de Mélanie Boulanger
Mélanie Boulanger a informé les élus et agents municipaux de sa démission des fonctions de Maire de Canteleu, pour raisons de santé. Elle restera membre du conseil municipal et du conseil métropolitain. La déclaration ci-dessous sera la seule expression de Mélanie Boulanger.
« Élue au conseil municipal de Canteleu en 2008, j’ai consacré à notre ville plus d’un tiers de ma vie.Maire depuis 2014, je me bats depuis dix ans pour améliorer le cadre et la qualité de vie des Cantiliens : rénovations et constructions d’écoles, de logements et d’équipements ; engagement résolu pour l’emploi, l’inclusion, les solidarités et les services publics ; dynamisme et rayonnement culturels, que Forêt Monumentale symbolisera cette année ; soutien à la vie associative et sportive ; accompagnement quotidien des jeunes et des familles ; engagement dans la transition écologique, des circuits-courts aux voies cyclables en passant par la préservation de la biodiversité ; et tant d’autres actions menées avec tous les élus et agents municipaux.
Depuis dix ans, je me bats aussi sans relâche contre l’insécurité en général et le trafic de stupéfiants en particulier. Je suis le premier Maire à avoir déployé la vidéoprotection sur le domaine public à Canteleu, malgré les refus de subvention et les dégradations de caméras. J’ai amplifié les moyens humains et matériels de la police municipale. J’ai constamment alerté les autorités policières et judiciaires sur les réalités cantiliennes, par tous moyens formels et informels : conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, courriers, e-mails, rendez-vous, etc. J’ai communiqué des noms, des lieux, des habitudes. Et je n’ai cessé de réclamer une présence accrue de la police nationale dans nos quartiers, ainsi que des réponses judiciaires plus adaptées.
Trop longtemps, j’ai mené ce combat seule, sans recevoir de l’État un soutien proportionné à la situation que je décrivais. Même lorsque j’ai signalé aux plus hautes autorités les menaces que j’avais reçues, aucune protection ne m’a été proposée. Ces constats ne m’ont jamais fait renoncer. Jamais je n’ai cédé, ni aux menaces ni au découragement. J’ai continué à dénoncer, à combattre, à agir. Les Cantiliens le savent, comme tous ceux qui contribuent à faire vivre Canteleu, à la protéger, la promouvoir et la développer.
Pourtant, depuis deux ans et demi, je dois me battre aussi contre une accusation de « complicité » surréaliste. Cette accusation me salit et me fait souffrir, autant qu’elle abîme l’image de notre ville et celle de ma famille. C’est franchement « le monde à l’envers », tant j’ai lutté de toutes mes forces contre le mal qui gangrène notre ville ! Mais cette accusation persiste, comme un atroce rouleau compresseur, qui me broie chaque jour un peu plus. Sur le plan judiciaire, toutes mes demandes d’actes, de confrontations ou de témoignages ont été refusées. Toutes les preuves de mon innocence que j’ai apportées ont été ignorées. Sur le plan médiatique, le secret de l’instruction et la présomption d’innocence ont été sans cesse bafoués, alors que pour ma part j’ai toujours respecté la justice et réservé mes déclarations aux juges. L’acharnement dont je me sens victime m’interroge et j’attends que Justice me soit rendue.
Après deux ans et demi de ce combat déséquilibré, ma santé s’est considérablement affaiblie. Certes, jusqu’ici, j’ai tenu. Pas parce que je suis forte, mais parce que je suis innocente. L’annonce – le 12 janvier – de mon renvoi devant un tribunal correctionnel m’a cependant infligé une décompensation aussi inattendue que préoccupante. Depuis, c’est un combat pour ma santé que je dois mener, avec l’aide de mes proches et de la médecine. Un combat pour reconstruire en moi tout ce que cette épreuve a abîmé, et pour tenter de résister à ce qu’elle m’imposera encore.
Ce combat médical est le seul qui ne soit pas compatible avec les lourdes responsabilités de Maire, et c’est pourquoi je suis contrainte d’y renoncer. Je le fais à regret, car je vis ce retrait comme un douloureux déchirement. J’aime servir Canteleu et j’aime les équipes avec lesquelles j’y travaille. Ensemble, nous venons d’ailleurs de boucler un budget ambitieux et généreux pour 2024, dont le débat d’orientations vient d’avoir lieu et qui pourra être adopté dans les prochaines semaines.
Mon dernier mot sera bien sûr pour les Cantiliens, car ils ne m’ont jamais abandonnée et leur soutien reste pour moi une source d’énergie précieuse. Je les en remercie du fond du coeur et les assure que ma décision aidera Canteleu à avancer vers de nouveaux horizons, avec un nouveau Maire qui pourra compter sur mon expérience pour forger la sienne. »
Parallèlement, Mélanie Boulanger a adressé sa démission du mandat de conseillère régionale au Président de la Région Normandie.